Lorsqu’on s’expatrie, il y a une thématique à laquelle on devient plus sensible, c’est celle du racisme. D’abord parce qu’on se met à y être confronté nous-même plus ou moins fréquemment. Et puis aussi parce que c’est plus facile de voir les dysfonctionnements d’une société à laquelle on n’appartient pas.
En m’expatriant à Crémone, j’ai était confronté à plusieurs types de discours racistes, dirigés vers trois grands groupes différents : les Français, les italiens du Sud, les migrants. Allant des quelques stéréotypes à une différentiation des races, voici 3 discours bien huilé pour propager la haine autour de soi.
Bien sûr, ce que j’ai vu dans la petite ville paumée où j’ai séjourné n’est pas une exception et on retrouve le même problème dans bien d’autres contextes. A Crémone, la propagation des idées racistes est sans doute favorisée par le cadre rural avec une faible immigration, un fort taux de chômage.
Coupable 1 : le français (le moins pire)
Lorsque j’ai migré en Italie, je n’avais aucune idée de l’image que les français pouvaient avoir à l’étranger. J’imaginais être reliée à une certaine élégance française, la « french touch » et donc à une image plutôt plaisante. Laissez-moi vous dire que j’étais bien loin de la réalité. Dans la province crémonaise, les français ne sont pas au maximum de la gloire. J’ai ainsi pu constater que le stéréotype le plus commun était que les français ont « la putsa sotto il naso », ce qui peut se traduire par, les français sont snobs, imbus d’eux-mêmes… Bref, des personnes qu’on a plutôt envie de connaitre, non ?
Pour parfaire le tableau, ajoutons le second stéréotype encore plus sympa « les français sont sales ». On m’a quand même demandé un jour pourquoi nous transportions notre pain sous les aisselles alors que ce n’est pas très hygiénique. Il m’a fallut prendre le temps d’expliquer que non, parce qu’en France aussi, nous avons des sacs pour faire les courses. Je pense que l’idée du « français sale » doit être en grande partie reliée à la scandaleuse disparition du bidet en France. Il faut savoir qu’en Italie, le bidet, servant à se laver les fesses après être allé au toilettes et encore présent dans toutes les maisons. Le fait que cette invention française et quasiment disparue dans notre pays est jugé incompréhensible pour le mieux ou lié à une hygiène de vie douteuse pour le pire.
Bon pour être honnête, je n’ai pas eu de problèmes plus grands que ces quelques remarques pas très cool et c’est sans doute un peu gonflé de parler de racisme anti-français. Que veux tu, je suis du genre susceptible moi !
Coupable 2 : les italien.ne.s… mais du Sud !
L’Italie est un pays à l’unification « récente » puisqu’elle date de 1870. Certaines régions et notamment du Sud, ont étaient rattachées au pays plus tardivement que d’autres. Ainsi, il existe encore aujourd’hui une grande différence culturelle entre l’Italie du Nord et les régions les plus au Sud tel que la Sicile ou la Campanie. Lorsqu’un italien du sud immigre dans le nord, il n’en reste pas moins avant tout un italien du sud, une catégorie complètement diverse et peu considérée de celle de l’italien du nord.
Ainsi, ce dernier affuble affectueusement son frère ennemi du surnom de « terrone », que je traduis pour en faire comprendre son aspect péjoratif par « cul terreux ». Les « terrone » sont censés être fainéants tout en venant voler le travail des italiens du Nord, on n’est pas à une incohérence près quand on opte pour un discours de haine gratuite. Je me suis mieux rendu compte de la force du racisme anti-sud lorsque je me suis mise en couple avec un sicilien, puisque j’ai eu le droit à un florilège de réactions sympas : « tu es attirée par l’exotisme et la chaleur des gens du sud », « tu sais s’il est jaloux c’est normal ils ont le sang chaud » « tu sais qu’ils peuvent être violents ? »….
LE grand Coupable : LE MIGRANT
L’Italie n’est que depuis peu un pays de destination pour l’immigration et sa population a longtemps été elle-même migrante. L’arrivée en nombre de personnes en provenance d’Afrique est un phénomène récent qu’il n’est pas facile à appréhender pour la population notamment dans un contexte rurale. Ainsi, « Casa Pound », parti politique italien d’inspiration néofasciste et souvent incriminé dans des passages à tabac de migrants, possède son siège locale au centre de la ville de Crémone, et fait salle comble lors de ses réunions bihebdomadaire.
Globalement le discours racisme est assez « décomplexé » chez les Crémonais et pour eux, la différenciation de nos compétences en fonction de notre couleur de peau ne fait pas de doute : « Les noirs cours plus vite, nagent plus vite, dansent mieux… » Et pour que tout le monde y trouve son compte, toute qualité intellectuelle est bien entendu réservée aux blancs. Plus grave encore, j’ai travaillé dans le support anti-discrimination de la ville ou ma responsable soutenait que nous n’appartenions pas tous à la même race et que c’était d’ailleurs prouvé scientifiquement. 🤯🤯🤯
[…] et peu à peu délaissé complètement par les Français, on ne manquera pas de vous rappeler que si les Français ont la réputation d’être sales, ça ne sert à rien de dénier… L’absence de bidet dans nos salles de bain n’est […]